11/26/2007

Un mot d'encouragement

Bonjour ,

Connaissez-vous des gens qui se sentent plus ou moins bien dans leur peau et qui auraient besoin d’un mot d’encouragement de votre part ?

Mois de novembre 2003. Je me suis fait inviter pour faire six conférences en trois jours dans la ville de La Tuque. L’entreprise qui m’avait embauchée était le plus gros employeur de la région avec environ 700 employés.

Pendant les trois jours que j’ai passés là-bas, un comité de six hommes se sont occupés de moi : Fernand, Michel, Noël, Guy, Stéphane et Jean. Ils étaient tous des travailleurs dans le domaine des pâtes et papiers. De « vrais » hommes. Très sympathiques et surtout très joviaux. Ils m’ont même fait visiter leur immense usine et j’en ai été très fortement impressionné.

Après ma conférence du soir, ils m’invitaient à manger et prendre une bière avec eux au resto du coin. Je me rappelle qu’ils avaient ri de moi, gentiment, avec ma petite bière. Ils appelaient ça un échantillon ! Eux, ils ne buvaient que de la grosse bière.

J’aime beaucoup les petites villes. Les gens y sont tellement gentils et aimables. Tout le monde semble connaître tout le monde. Les gens se saluent sincèrement et prennent le temps de prendre des nouvelles les uns des autres.

La 3e journée, après ma 6e conférence, alors que je m’apprêtais à revenir chez moi, un des membres du comité m’a dit : « Patrick, est-ce que je peux te parler deux minutes? » Je lui ai dit : « Avec plaisir, de quoi s’agit-il ? »

De tous les hommes du comité, Guy était probablement le plus costaud et le plus « macho » du groupe. Il avait les cheveux mi-longs, une moustache, une bedaine de bière et quelques tatous.
Il me prend par le bras et il m’amène un peu à l’écart. Il me sert la main droite fermement, il met sa main gauche sur mon avant-bras et il me dit : « Merci Patrick. Tu ne peux pas savoir comment ça m’a fait du bien de t’entendre en conférence les trois derniers jours. Vois-tu, il y a un an, mon gars de 16 ans m’a annoncé qu’il était une tapette et je ne l’ai jamais accepté. Il y a six mois, il s’est suicidé. Il s’est tiré une balle. Depuis ce temps-là je me sens tellement coupable, tu ne peux pas imaginer. J’ai même pensé à me tirer une balle moi aussi. Alors que mon fils attendait de moi écoute et encouragement, je l’ai pratiquement renié. Ta conférence m’a fait tellement du bien tu ne peux pas savoir. J’ai compris mes erreurs, tu m’as donné le goût de continuer à vivre et je voulais te remercier personnellement. »

Pour une des rares fois dans ma vie, je ne savais pas quoi dire. Les yeux pleins d’eau, je lui ai simplement fait une accolade et je lui ai dit : « Merci. »

Réalisez à quel point vos mots sont puissants. Vous avez un impact plus grand que vous croyez sur la vie des gens que vous côtoyez à tous les jours que ce soit vos collègues, vos fournisseurs, vos clients, vos amis ou les membres de votre famille.

La prochaine fois que vous vivrez une situation similaire où une personne osera être vulnérable au point de vous confier son homosexualité, sa dépendance affective, sa dépendance à l’alcool, à la drogue, au jeu, au sexe, au magasinage, à la télévision ou autre, s.v.p. rappelez-vous la puissance de vos mots.

Au lieu de les juger, de les rabaisser ou de les diminuer, remerciez-les de se confier à vous et reconnaissez-leur le courage qu’ils font preuve de s’ouvrir à vous. La plupart du temps, ces personnes sont tourmentées et elles ne cherchent qu’une personne à qui se confier et surtout un mot d’encouragement de leur part.

Le plus grand cadeau que vous puissiez faire à une personne est de l’écouter attentivement et de lui donner un bon mot d’encouragement.

Je sais que mon ami Guy regrette amèrement sa réaction et son comportement envers son fils et qu’il agirait différemment si la situation se représentait. Merci Guy de m’avoir partagé ton histoire, ton fils ne reviendra malheureusement pas, mais ton histoire en incitera plusieurs à ne pas commettre la même erreur.

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